Dans ce livre-entretien, Jean-Louis Trintignant, qui vit retiré dans sa maison gardoise et a renoncé au cinéma, revient sur sa jeunesse, ses débuts au théâtre, sa carrière cinématographique, sa conception du métier de comédien et ses passions. Une autobiographie au-dessus du lot, la vie d'un homme attachant.
Dans ce livre-entretien très réussi d’André Asséo, on retrouve Jean-Louis Trintignant, retiré dans sa maison près d’Uzès dans le Gard. Une région de vignes, magnifique, où le jeune Corneille écrivait à ses relations parisiennes « Ici mes nuits sont plus belles que vos jours ». C’est un peu ce que semble dire Jean-Louis Trintignant qui a renoncé au parisianisme et quelque part à une plus grande carrière théâtrale et cinématographique pour vivre dans son élément.
Jean-Louis Trintignant se remémore d’abord sa jeunesse dans le sud de la France, sa découverte du théâtre puis sa montée à Paris en 1950 pour suivre des cours d’art dramatique et apprendre la mise en scène de cinéma à l’IDHEC. Puis, il s’attarde sur sa carrière de comédien qui constitue la partie essentielle de ce livre. Jeune homme fou de théâtre, il rejoint la troupe de Jean Vilar au TNP et ne tourne au cinéma qu’à contre-cœur (il se fait connaître dans Et Dieu créa la femme aux côtés de Brigitte Bardot) avant d’être mobilisé pour la guerre d’Algérie. Cette guerre sera un traumatisme qui faillit le faire renoncer à son métier. Heureusement il n’en fut rien et il revint sur les planches et surtout au cinéma dans de grands succès en Italie (Le Fanfaron, Le Conformiste) et en France (Z, Un homme et une femme, Le Voyou, Ma nuit chez Maud, Flic Story…).
Contrairement à la plupart des autobiographies d’acteurs, Jean-Louis Trintignant raconte peu d’anecdotes de tournage. Il s’intéresse plutôt à l’art de la comédie, à ses rapports avec les metteurs en scène et la façon dont ils dirigent les acteurs, et au travail de ses partenaires. Pour lui, un comédien doit devenir son personnage le temps du film et chercher le personnage de l’intérieur. Jean-Louis Trintignant compare ainsi Robert De Niro, qui habite ses personnages, à Al Pacino qui se contente d'en prendre les tics. Toujours selon l'auteur, le comédien doit aussi savoir rester en retrait et ne pas jouer pour briller. Le jeu doit être sobre et épuré.
Quant aux choix de ses rôles et de ses films, le comédien avoue marcher à l’envie. Il tourne pour un projet qui l’enthousiasme ou pour des cinéastes ou des comédiens qui lui plaisent. Il n’est en rien « carriériste », lui qui a renoncé à une carrière américaine par manque d’affinité avec la langue et la culture américaine (il a refusé Rencontre du 3e type, Apocalypse Now et The Servant), refusé par pudeur le Dernier tango à Paris qu’il avait en partie écrit avec Bertolucci et refusé le Casanova de Fellini qui exigeait une trop longue disponibilité.
Jean-Louis Trintignant fait preuve de beaucoup de modestie et de pudeur. Il évoque à peine les femmes de sa vie (Stéphane Audran, Brigitte Bardot, Nadine Trintignant, Marianne Hoepffner, son épouse). Il s’étend en revanche plus longuement sur ses passions : sa fille Marie dont il est si proche (l’ouvrage est paru avant le décès tragique de l’actrice) , l’automobile (il tenta sa chance sans succès dans la compétition automobile), le vin (il est viticulteur) et la contemplation de la nature.
Passion tranquille – Jean-Louis Trintignant & André Asséo – Plon – 2002 – 166
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