samedi 24 avril 2010

Robert Wise

Cinéaste légendaire, auteur de nombreux succès dont le fameux West Side Story et le terrifiant La Maison du diable, Robert Wise est décédé d’une crise cardiaque le 14 septembre 2005. Il avait 91 ans. Retour sur la carrière d’un cinéaste sept fois nominés aux Oscars (4 victoires) et dont les films permirent de récolter 67 nominations (19 victoires).

Né le 10 septembre 1914 à Winchester dans l’Indiana, Robert Wise est devenu cinéaste par accident. La crise économique de 1929 l’obligea à abandonner ses études, ses parents et sa ville natale pour partir travailler à Los Angeles. Il avait 19 ans et son frère, qui travaillait à la RKO, venait de lui trouver un petit job au studio. Petit à petit, Wise s’approcha du plateau, toucha à tout les métiers et fini par devenir monteur. On lui doit notamment le montage de deux des meilleurs films d’Orson Welles : Citizen Kane (1941) et La Splendeur des Amberson (1942).


Des débuts réussis

Puis les studios finirent par lui confier la réalisation de films après qu’il ait réussi à remplacer, au pied levé, un réalisateur en difficulté sur le tournage d’une série B fantastique, intitulée La Malédiction des hommes-chats (1944). Robert Wise montra alors tout son savoir-faire en passant d’un genre à l’autre avec le même bonheur. Né pour tuer (1947), Nous avons gagné ce soir (1949), Le Jour où la terre s’arrêtera (1951), La Tour des ambitieux (1954), Marqué par la haine (1956) et Je veux vivre (1958), sont les films les plus côtés de sa première partie de carrière.


Le secret de son succès
Le succès de Robert Wise vient de son efficacité. L’homme savait terminer un film dans les temps. Pour y parvenir, il accordait une importance primordiale à la pré-production. Ainsi il préparait tout à l’avance avec le plus grand soin : script, documentation, casting, décors et lieux de tournage… Inutile de dire qu’il était un chaud partisan des story-boards. Cette préparation minutieuse lui permettait de savoir exactement ce qu’il voulait et de boucler ses scènes en très peu de prises, pour la plus grande joie de ses producteurs et des acteurs qu’il a dirigé. Ce besoin de tout maîtriser, l’amena à devenir son propre producteur.


La décennie prodigieuse

Dans les années 60, Robert Wise franchit un cap en réalisant des films incontournables. West Side Story (1961), comédie musicale à succès du compositeur Leonard Bernstein, adapte l’histoire de Roméo et Juliette au New York des années 50. Co-réalisé par le chorégraphe Jerome Robbins, le film obtint 11 Oscars et un succès critique et public énorme. Sans doute est-ce la raison qui poussa Robert Wise à filmer une autre comédie musicale, cette fois-ci signée Rodgers & Hammerstein, La Mélodie du bonheur (1965) avec l’actrice Julie Andrews. Le film connut un succès terrible au box-office contrairement à Stars (1968), comédie musicale de Wise dans la même veine mais sortie à une époque où la légèreté n’était plus de mise. Qu’à cela ne tienne, Robert Wise sait faire autre chose. Son film La Maison du diable (1963) n’est-il pas l'un des films le plus effrayant de l’histoire du cinéma ? Un film en noir et blanc, sans effets spéciaux, où tout est suggéré : la terreur qui se lit sur le visage de son interprète principale, Julie Harris, le mal invisible dont on peut sentir la présence oppressante, entre ombre et lumière. Pas d’effets gores car la plus grande des peurs est celle de l’inconnu, répond Wise à ceux qui lui demandent pourquoi il n’a rien montré. Le maître avait bien raison : Hantise (1999), le remake bourré d’effets spéciaux de Jan De Bont n’a pas fait trembler grand monde. Enfin, pour Wise, les années 60, ce sont aussi celles de La Canonnière du Yang-Tsé (1966), un excellent film de guerre avec le jeune Steve McQueen.


La fin d’une grande carrière

A partir des années 70, Robert Wise s’active en coulisse : il est président de la DGA (Directors Guild of America) de 1971 à 1975 puis de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences de 1985 à 1988. Il se fait en revanche plus discret sur les plateaux. Ses films sont néanmoins remarqués et collent toujours aux goûts de l’époque comme cette adaptation d’un roman de Michael Crichton, Le Mystère Andromède (1971), le film catastrophe L’Odyssée du Hindenbourg (1975) ou la première aventure cinématographique de monsieur Spock et de ses compagnons dans Star Trek, le film (1979). Rooftops (1989), le dernier film de Robert Wise pour le cinéma passe inaperçu. Un film de danse. Il ne s’agit pourtant pas là de la dernière œuvre du cinéaste qui met en scène pour la télévision A Storm in Summer (2000) d’après un scénario de Rod Sterling, le créateur de La Quatrième dimension.

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