dimanche 25 avril 2010

L'Esclave libre (1957)

Une jeune bourgeoise sudiste découvre, à la mort de son père, qu’elle a du sang noir dans les veines. Elle est déshéritée et vendue comme esclave à un riche aventurier de la Nouvelle-Orléans.

Film en technicolor flamboyant sur la vie d’une belle sudiste bouleversée et ruinée par la guerre de Sécession, qui aime malgré elle un riche aventurier incarné par Clark Gable, L’Esclave libre fait immanquablement penser à Autant en emporte le vent. Il serait néanmoins injuste de le considérer comme une simple imitation même s’il n’est pas impossible que les producteurs n’aient vu dans ce film qu’un bon moyen d’exploiter un sujet qui avait déjà fait ses preuves.

Premier argument en sa faveur, L’Esclave libre a le mérite de ne pas montrer une image d’Epinal de la guerre de Sécession. Les soldats Nordistes ne sont pas présentés comme des idéalistes venus délivrer le peuple noir de l’esclavage. Au contraire, ils se montrent souvent aussi racistes que leurs adversaires Sudistes, utilisant les esclaves noirs « confisqués » comme de la chair à canon. De son côté, le personnage principal, interprété par Clark Gable, est un riche Sudiste qui possède de vastes plantations dans lesquelles travaillent des esclaves. Il ne se montre pas pour autant inhumain, élevant un jeune homme noir comme son propre fils. Ce personnage secondaire est très intéressant dans sa complexité : il hait son père adoptif pour sa générosité et rejoint l’armée du Nord mais se voit traité là-bas comme un moins que rien. La jeune héroïne de ce film, interprétée par Yvonne De Carlo, vit une situation comparable : traitée comme une princesse par son maître, elle est méprisée par les soldats de Lincoln pour qui les quelques goûtes de sang noir qu’elle a dans les veines comptent plus que sa personnalité, sa beauté et son éducation. Le Nord peut lui offrir la liberté mais ne la laissera jamais redevenir la grande dame qu’elle a été.

Autre différence majeure entre les deux films, L’Esclave libre est un film très sensuel dans lequel la belle Yvonne De Carlo incarne l’objet de tous les désirs. Walsh ose beaucoup, filmant son actrice dans des poses très lascives pour l’époque ou dans des scènes aux connotations sado-masochistes évidentes : la jeune femme prisonnière d’un ignoble marchand d’esclaves qui la maltraite et veut lui prendre sa vertu, la vente dans un marché aux esclaves où des hommes libidineux l’examinent et la tâtent...

Loin d’être une pâle copie d’Autant en emporte le vent, L’Esclave libre est donc un bon film d’aventures, moderne, qui présente les hommes et l’Histoire avec beaucoup d’acuité et de cynisme.

Band of Angels
- USA (1957), de Raoul Walsh, avec Clark Gable, Yvonne De Carlo, Sidney Poitier, Efrem Zimbalist Jr., Andrea King.


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