dimanche 4 avril 2010

La Tour des ambitieux (1954)

Stupeur au siège social de la société de meubles Tredway, le président vient de mourir d’une attaque. Le remplaçant doit être désigné au plus vite parmi les cinq responsables majeurs de la société. Deux candidats s’affrontent, le responsable de la recherche et du développement, idéaliste, modeste, droit, et le responsable des finances, ambitieux, arrogant et sinistre. Ils ont un week-end pour convaincre les membres du conseil d’administration de voter pour eux.

Nous ne sommes qu'en 1954 et l’on parle déjà de politique d’entreprise avec un débat très actuel entre la grandeur et le rôle social de l’entreprise d'un coté (fabrication de produits de qualité, respect de l’emploi et des salariés, investissement en recherche et développement) et la quête du pur profit de l'autre coté (recherche perpétuelle des dividendes maximum à distribuer aux actionnaires quitte à sacrifier qualité des produits et services offerts et à supprimer des emplois). Le film reste donc d'actualité des décennies après mais outre sa pertinence sociologique, La Tour des ambitieux a bien d'autres qualités.

Western financier, volontairement tourné en noir et blanc pour plus de réalisme, La Tour des ambitieux tient le spectateur en haleine grâce à des comédiens de grand talent. Fredric March est époustouflant dans le rôle du financier sombre et dévoré par l’ambition et William Holden, en patron de rêve incarnant toutes les valeurs positives, lui donne la réplique avec brio, même si son personnage énerve un peu. Tant de qualités et si peu de défauts réunis chez un seul homme, cela sonne faux. C’est d’ailleurs là le principal défaut du film. Les personnages apparaissent un peu trop stéréotypés : le couard, le superficiel, l’intéressé, l’ambitieux et le parfait honnête homme. Mais le suspense est total et le vote final au conseil d’administration tient autant en haleine que les duels de fin des meilleurs westerns.

La direction de Robert Wise est habile avec des trouvailles magnifiques comme ce générique du début où les noms de comédiens s’affichent à l’écran à chaque tintement de cloche ou encore la caméra subjective au début du film qui nous place dans la peau du président de la société jusqu’à la mort de celui-ci. Quant au scénario d’Ernest Lehman, il est exemplaire.

Enfin, un mot du casting féminin, à la hauteur du casting masculin, même s’il faut bien reconnaître que les dames ont des rôles beaucoup moins intéressants. Elles interprètent des femmes soumises, qu’elles soient héritières membres du conseil d’administration, épouses, maîtresses ou secrétaires de dirigeant. La libération des femmes semble encore bien loin mais quoi de plus normal dans une grande société américaine des années 50 ? Notons que Nina Foch, qui n’est pas la plus célèbre des actrices de ce film, est celle qui tire le mieux son épingle du jeu. Elle joue avec talent le rôle d’une secrétaire endeuillée par la mort de l’homme qu’elle servait, toujours très digne, refoulant parfois avec le plus grand mal ses émotions.

Executive Suite – USA (1954), de Robert Wise, avec William Holden, Fredric March, June Allyson, Barbara Stanwick, Walter Pidgeon, Shelley Winters, Paul Douglas, Louis Calhern, Dean Jagger, Nina Foch.


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