samedi 24 avril 2010

La Bête aveugle (1968)

Un inquiétant sculpteur aveugle enlève la belle modèle Aki et la retient prisonnière dans son atelier. Il veut faire d’elle un chef d’œuvre de l’art tactile.

Edogawa Rampo (Edgar Allan Poe prononcé à la japonaise) est un grand maître du roman policier et du roman d’angoisse. Son chef d’œuvre, La Bête aveugle écrit en 1931 reste d’une grande modernité. La poésie sensuelle et inquiétante de ce court roman tient le lecteur en haleine du début à la fin.

Hélas, il n’en est rien avec le film de Yasuzo Masumura, cinéaste coté de la nouvelle vague japonaise. A contre-pied de l’écrivain qui faisait lentement monter l’angoisse, le cinéaste rentre très tôt dans le vif du sujet en mettant en scène l’enlèvement dès le début du film. Il filme donc une heure et demi durant, la captivité de la jeune femme et l’évolution de ses sentiments et de ses relations avec son ravisseur. On est d’abord ébloui par cette magnifique scène où la jeune femme découvre l’atelier de l’artiste aveugle, immense hangar où sont exposées des représentations géantes de diverses parties du corps féminin. Puis une fois le décor planté, on assiste au spectacle atterrant de ce couple improbable qui se bat, s’aime puis se détruit dans une succession de scène ennuyeuses et grotesques. L’angoisse et l’érotisme qui ont fait le succès du roman sont bien loin. Seuls seront satisfaits les amateurs de séries B kitsch des années 60.

Peut-être Yasuzo Masumura pensait-il à son adaptation de La Bête aveugle lorsqu’il déclarait à propos des adaptations cinématographiques de roman « Je pense que c’est une chose absolument impossible. Il y a un univers qui n’existe que par les mots et qu’on ne peut pas exprimer par l’image. » (Propos recueillis au magnétophone à Tokyo en 1969 par Aoi Ichiro, Shirai Yoshio et Yamada Koichi, traduits du japonais par Yamada Koichi et Jane Cobbi).

盲獣 - Japon (1968) de Yasuzo Masumura avec Eiji Funakoshi, Mako Midori, Noriko Sengoku.






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