dimanche 28 mars 2010

Final Cut (2003)

Zoë Tech est une société qui implante des puces électroniques dans le corps des nouveaux nés afin d’enregistrer tout ce qu’ils voient et tout ce qu’ils rêvent et de réaliser, à leur mort, le film de leur vie. Alan, le meilleur monteur de Zoë Tech, est un homme triste et solitaire, hanté par un souvenir d’enfance douloureux. Sa vie sans histoire va changer le jour où il se voit confier les souvenirs d’un immonde milliardaire.

Si Final Cut s’intéresse à la mémoire et aux souvenirs, c’est avant tout un film sur la manipulation par les images. Omar Naïm, le metteur en scène, nous montre comme il est aisé de falsifier la vérité en n’utilisant que des éléments réels. Alan, le personnage principal, visionne une vie, coupe tout ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui peut nuire à la mémoire du défunt ou choquer ses proches, puis réalise le montage final. Il en résulte un film mielleux et aseptisé qui donne une image faussée du défunt. C’est pourtant cette image que l’on gardera de lui.

On peut alors s’interroger sur la finalité de toute cela. A quoi bon toutes ces prouesses technologiques, ce fonds documentaire d’une richesse inouïe si le résultat obtenu est si éloigné de la vérité ? Et la réponse est l’argent, tout simplement. Les films produits par Zoë Tech sont extrêmement lucratifs. En cela on peut dire que Final Cut est le 1984 de notre époque, une époque où le fantasme de Big Brother demeure mais où la quête de richesse a remplacé l’idéologie politique.

Comme dans le roman de Orwell, le monde dépeint par Omar Naïm est d’une noirceur extrême. D’un côté la multinationale et ses employés asservis, prêts à tout pour le profit, et de l’autre des opposants, dont les idées et les slogans peuvent rassurer, mais qui se révèlent être des activistes dangereux, prêts à toutes les violences pour parvenir à leurs fins. La seule lumière dans ce film vient du personnage d’Alan, qui va progressivement découvrir la vérité et s’ouvrir ainsi à la vie. Un excellent rôle pour Robin Williams qui interprète Alan avec beaucoup d’humanité et de sobriété, à l’image de sa performance dans le très réussi Photo Obsession en 2002.

The Final Cut - USA (2003), de Omar Naïm, avec Robin Williams, Jim Caviezel, Mira Sorvino.




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