samedi 24 avril 2010

George Pan Cosmatos

Mort d’un cancer du poumon à l’âge de 64 ans, le 19 avril 2005, George Pan Cosmatos était un cinéaste efficace à qui l’on doit les films d’action à succès Le Pont de Cassandra, Rambo II, Cobra et Tombstone.

Il y a deux semaines, le cinéaste Richard Donner annonçait à la presse, la mort de son confrère et ami George Pan Cosmatos. On sait peu de chose de la vie de George Pan Cosmatos. Il semble que personne ne se soit intéressé à ce cinéaste rare qui donna pourtant au cinéma plusieurs grands succès. Il faut dire que si ses films déplacèrent les foules, ils ne suscitèrent que réprobation voire colère de la part des critiques.

Né à Florence le 4 janvier 1941, Yorgo Pan Cosmatos, alias George Pan Cosmatos, grandit en Egypte puis à Chypre. Polyglotte (il parle six langues), bibliophile, il adore les cigares et se passionne pour la restauration de films. Il apprend la mise en scène en Grèce en travaillant comme assistant sur des films tels que Zorba le Grec ou Exodus d’Otto Preminger avant de réaliser son premier film en 1970.

Les 70s – De l’apprentissage au premier succès

The Beloved (1970) est une histoire d’adultère qui vire au drame, écrite pour l’actrice Raquel Welch, sex-symbol de l’époque. Une coproduction Gréco-Britannique rare, considérée comme sans grand intérêt, avec Richard Johnson et Jack Hawkins. L’échec de ce premier film n’empêchera pas George Pan Cosmatos de mettre en scène un film de guerre américain trois ans plus tard : SS Représailles (1973). Cette histoire de résistance italienne à l’occupation nazie met en évidence le savoir-faire de Cosmatos dans les films d’actions. Cosmatos y dirige Richard Burton et Marcello Mastroianni.

Ayant fait ses preuves, George Pan Cosmatos se voit donc confier un film délicat à mettre en scène. Le Pont de Cassandra (1976) est une importante co-production européenne avec une pléiade de vedettes internationales : Sophia Loren, Richard Harris, Martin Sheen, O.J. Simpson, Lionel Stander, Ingrid Thulin, Ava Gardner, Burt Lancaster, Lou Castel, Alida Valli et Lee Strasberg, le fameux professeur d’art dramatique qui créa l’Actor’s Studio. Sombre et angoissante, cette histoire de train de luxe transportant un passager contaminé par le virus de la peste est une réussite et l’on considère souvent Le Pont de Cassandra comme l’un des meilleurs films catastrophe.

George Pan Cosmatos fait désormais partie des réalisateurs capables de mener à bien des superproductions à grand spectacle et c’est tout naturellement qu’on lui confie une grosse production britannique sur la résistance grecque à l’occupation nazie : Bons Baisers d’Athènes. Le film réunit une fois de plus un casting prestigieux : Roger Moore, Telly Savalas, David Niven, Stefanie Powers, Claudia Cardinale, Elliott Gould, Sonny Bono (ex-Sonny & Cher) et même William Holden en cameo. Un film divertissant qui n’égale cependant pas Le Pont de Cassandra.

Les 80s – Le rêve américain


Dans les années 80, George Pan Cosmatos répond à l’appel d’Hollywood. Il faut dire que le cinéaste à de quoi séduire les studios hollywoodiens. Il a acquis au fil des ans la réputation d’un metteur en scène travailleur, sachant boucler un tournage en temps et en heure sans dépassement de budget.

Il tourne d’abord un petit film d’horreur americano-suédois : Terreur à domicile (1983) avec Peter Weller. L’histoire d’un homme qui veut passer un week-end studieux dans sa maison mais va devoir y affronter un rat. Un petit film rare qui jouit d’une honnête réputation.

Puis Stallone fait appel à Cosmatos pour réaliser une suite à l’excellent Rambo, le fameux Rambo II : la mission (1985). Cette fois, John Rambo retourne au Vietnam où, seul, il va délivrer les GI qui y sont encore retenus prisonniers. Le scénario de ce film rappelle celui d’un jeu d’arcade tant il est basique. D’abord écrit par James Cameron, il fut retouché par Sylvester Stallone qui supprima notamment le personnage du coéquipier de Rambo que devait interpréter John Travolta. Comme à son habitude, George Pan Cosmatos excelle à mettre en scène ce film d’action à grand spectacle et c’est sans doute grâce à lui que Rambo II fut l’un des plus grands succès commerciaux des années 80.

L’année suivante, Stallone fait tout naturellement appel à lui pour Cobra (1986). L’histoire de Mario Cobretti dit Cobra, flic de choc, qui traque un serial-killer hystérique à la tête d’une horde de guerriers, est tiré du roman « Fair Games » tout comme un autre nanar Fair Games avec Alec Bladwinn et Cindy Crawford. Cobra était important pour Stallone qui se mordait les doigts, dit-on, d’avoir refusé le rôle d’Axel Foley dans Le Flic de Beverly Hills et qui imaginait le film comme le premier d’une longue série. En écrivant le scénario, l’acteur a calqué son personnage sur celui de L’Inspecteur Harry de Clint Eastwood. Hélas, pour faire un bon film, il faut un bon scénario et ce ne fut pas le cas pour Cobra. Le film ne fut certes pas un échec commercial mais le succès ne fut pas à la hauteur des espérances de Stallone. Dommage pour la mise en scène nerveuse de Georges Pan Cosmatos à l’image de la scène de fusillade dans une supérette qui ouvre le film.

Qu’importe, George Pan Cosmatos finira la décennie sur Leviathan (1989), un bon film de science-fiction sous-marine à la Alien, avec Peter Weller et Richard Crenna, qui connaîtra un petit succès mais restera dans l’ombre du Abbys de James Cameron, sorti la même année.

Les 90s – Le chef d’œuvre du petit maître


Au début des années 90, Kevin Costner se lance dans une nouvelle épopée western, encouragé par le triomphe de Danse avec les loups. Il s’agit d’une biographie de Wyatt Earp, héros souvent incarné au cinéma, connu pour sa participation au fameux règlement de compte à OK Corral dans la petite ville de Tombstone. Le film sera produit par la Warner Bros et aura une distribution impressionnante. Pour profiter de la publicité faire autour de Wyatt Earp par ce projet très médiatisé, Cinergi Pictures Entertainment et Hollywood Pictures se lancent dans la production de Tombstone, un projet qui suit également Wyatt Earp mais reste centré sur la fusillade à OK Corral. Le casting est tout aussi impressionnant que celui de la Warner : Kurt Russell, Val Kilmer, Sam Elliott, Bill Paxton, Powers Boothe, Michael Biehn, Charlton Heston, Jason Priestley, Billy Bob Thornton, Harry Carey Jr, Billy Zane…. Avec en prime un authentique descendant de Wyatt Earp et surtout Robert Mitchum comme narrateur.

La production n'appréciant pas le travail du réalisateur initialement prévu, elle le remplace par George Pan Cosmatos. Celui-ci mènera une opération commando, réalisant Tombstone en 62 jours pour un budget raisonnable. Le film peut ainsi sortir bien avant le Wyatt Earp de Costner et le public se précipite et aime. Il faut dire que le film dépeint avec le plus grand réalisme le Far West de l’époque, propose des scènes de fusillades extrêmement spectaculaires et bénéficie d’une interprétation de tout premier ordre de Val Kilmer dans le rôle de Doc Holliday.

Hélas, George Pan Cosmatos ne profita pas du succès de Tombstone. Il ne revint derrière la caméra que pour Haute Trahison (1997) avec Charlie Sheen, Donald Sutherland, Linda Hamilton et Ben Gazzara. Un thriller à la Maison Blanche sur fond de conspiration qui ne tint pas toutes ses promesses. Peu après la femme de George Pan Cosmatos, la sculpteuse suédoise Birgitta Ljungberg mourait puis le cinéaste, qui souffrait des yeux, devint aveugle après une opération chirurgicale en 2003. C’en était fini de la carrière d’un petit maître du cinéma qui tourna beaucoup trop peu et qui n’est resté, volontairement ou involontairement, qu’un cinéaste de commande.

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